PARIS — L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard dénonce
avec virulence dans Marianne les dernières mesures annoncées par Nicolas
Sarkozy sur la sécurité, estimant "qu'il le paiera" et que le projet de
condamner les parents d'enfants délinquants remonte à "Vichy" et aux
"nazis".
"Quand on va chercher l'électorat au Front national,
voilà sur quels scandales on débouche. La loi sur les mineurs
délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la
responsabilité collective. On n'avait pas vu ça depuis Vichy, on n'avait
pas vu ça depuis les nazis", affirme-t-il.
"Mettre la priorité sur la répression, c'est une politique de guerre civile", accuse M. Rocard.
L'ancien
chef du gouvernement (1988-1991) s'indigne aussi avec force contre la
volonté de Nicolas Sarkozy de retirer la nationalité aux Français
d'origine étrangère condamnés pour atteintes à la vie d'un policier ou
d'un gendarme.
"Je condamne la substance et le procédé (...) Je
sais bien que le président recherche d'abord les effets d'annonce (...)
Les intentions sont scandaleuses", ajoute-t-il, persuadé que le Conseil
d'Etat et le Conseil constitutionnel ne laisseront pas passer ce texte
qui sera discuté à la rentrée à l'Assemblée nationale.
"Je dis qu'il le paiera et qu'il l'aura mérité", dit l'ancien Premier ministre, "indigné" à propos du chef de l'Etat.
Selon
lui, "la répression, c'est l'échec de la prévention. Avoir supprimé la
police de proximité, c'est dramatique. Et on le paie".
"La
politique du +tout répression+ favorise les tensions, accroît la
délinquance. Et pourquoi ? Parce qu'on donne priorité à l'électoral.
C'est exécrable, scandaleux", renchérit-il.
Après avoir dirigé la
commission sur le grand emprunt que lui avait confié Nicolas Sarkozy au
côté d'Alain Juppé, M. Rocard a été nommé ambassadeur chargé des pôles
par le chef de l'Etat.
S'il refuse une "opposition systématique" au président, "quand il y a désaccord (...) je ne l'étouffe pas", explique-t-il.
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