Dès lors que l’Office public HLM d’Aubervilliers, établissement public autonome, avait sollicité et obtenu le concours des forces de l’ordre pour procéder à l’expulsion des familles occupant illégalement un logement, les socialistes ont considéré que les élus de la ville ne devaient pas faire de commentaires ou porter une appréciation publique sur des décisions de justice.
En effet, que devrait on répondre à un bailleur privé ou à un autre bailleur social s’ils sollicitaient de la part de la municipalité un soutien public avant une expulsion ?
De notre point de vue, il ne faut pas tenter de faire de ces situations complexes et préoccupantes, une démonstration politique et nous rejetons toute instrumentalisation de tels conflits.
Par ailleurs, la demande ultérieure d’évacuation par les forces de l’ordre du campement nous laissait circonspects ayant en mémoire les évènements des Près Clos de 2005 (et le campement à l’angle de la rue Charles Tillon et Hélène Cochennec)
Le recours à la force reste un choix hasardeux. Cette méthode a des conséquences difficilement maîtrisables et débouche souvent sur un enlisement durable. De plus, les images retransmises dans les médias ne contribuent pas à renforcer l’attractivité de la ville. La résolution de ce nouveau conflit aurait pu emprunter les mêmes voies et méthodes qu’en 2005 pour les Près Clos.
En revanche, les élus socialistes et républicains ont exigé l’engagement de l’Etat, a fortiori après la visite « éclair » de Madame Rama YADE, Secrétaire d’Etat au Droits de l’Homme, par un communiqué et des interventions sur France Info et plusieurs hebdomadaires.
« constats et propositions »
La grave pénurie de logement en région parisienne est reconnue par tous les décideurs et professionnels et seules 8.5 % des communes franciliennes abritent 50 % des HLM.
De même, les difficultés spécifiques des familles d’origines africaines à accéder à un logement notamment dans le parc privé sont largement constatées et les occupations illégales traduisent les impasses dans lesquelles se retrouvent de nombreuses familles.
Au delà du délit que constituent les squats, les familles à Aubervilliers font souvent l’objet d’une exploitation financière de la part d’individus peu scrupuleux.
La priorité consiste sans doute à déployer les moyens nécessaires pour mettre fin à ces trafics et au démantèlement de ces réseaux délinquants.
Dans ce contexte, l’empêchement des occupations illégales par la diminution de la vacance de logements, la passation « sans délai » entre locataires successifs même si des travaux sont nécessaires, l’information régulière des amicales de locataire et l’élaboration d’un plan anti-squat validé par le conseil d’administration de l’Office HLM constituent des étapes indispensables. Des techniques adaptées ont porté leurs fruits sur le parc privé de la ville qui ne souffre d’aucune occupation illégale (plus de 200 logements) depuis plusieurs années.
Mais la meilleure prévention des occupations illégales réside bien entendu dans une politique du logement ambitieuse au niveau national et de l’Ile-de-France mais aussi dynamique et offensive dans notre ville. Une telle politique nécessite l’implication de toutes les collectivités locales dans l’application de la loi SRU (20% de logements sociaux) et dans la résolution dans l’urgence des situations conflictuelles.
Désormais, il convient de mettre en œuvre tous les dispositifs nécessaires pour éviter la récidive et pour le moins l’enlisement de ces situations dramatiques pour les familles, difficiles à vivre pour nos concitoyens et complexes à résoudre pour la ville.
Des pistes concrètes doivent être explorées :
- Création d’une commission intercommunale pour le logement des personnes les plus défavorisées, à l’instar de ce qu’a réalisé la communauté urbaine, Brest Métropole, permettant de mutualiser les difficultés rencontrées par chacune des villes de Plaine Commune. La « solitude » de nos villes face à la recrudescence des demandeurs de logement est une inquiétude majeure.
- Mise à contribution du parc locatif privé grâce à la création d’une agence immobilière à vocation sociale (AIVS) et d’une commission locale de prévention des expulsions et des squats regroupant les représentants des bailleurs privés et publics, associations de locataires, syndic, agences immobilière…
- Organisation d’une conférence annuelle sur le logement associant tout autant le secteur public que le privé pour une politique plus ambitieuse de l’accès au logement.
- Revendication par Plaine Commune de la compétence d’attribution des aides à la pierre pour mieux appréhender les constructions de logement et cibler utilement les aides publiques.
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