" Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Je souhaite tout d’abord, pour introduire mes propos, faire part de la satisfaction de
l’ensemble des membres de l’intergroupe vis à vis des chiffres de la fréquentation des 23
salles de cinéma publiques de Seine Saint Denis.
Il faut en effet souligner que les salles publiques représentent près de 18 % de la
fréquentation globale. Elles offrent ainsi une véritable alternative à la programmation
surmédiatisée des grands multiplexes et aux nouveaux modes de consommation culturels.
Ce réseau départemental est un bel outil de résistance à l’uniformisation. Il est non
seulement le fruit d’une programmation générale de qualité, mais également d’un travail
culturel de proximité, enraciné dans chacune des villes concernées.
Il faut saluer le travail des équipes qui animent les cinémas indépendants, mais aussi la
volonté politique des acteurs publics qui ont su investir pour préserver et moderniser les
salles.
Il faut également souligner la création de la carte Cinémas 93, qui permet à un abonné d’une
salle du réseau de bénéficier d’un tarif privilégié dans les autres salles adhérentes. Cela est
tout sauf négligeable dans la configuration sociale de notre département.
Une sortie au cinéma en famille est onéreuse pour les plus modestes et les mesures qui
permettent de faciliter la fréquentation des équipements culturels doivent être saluées et
amplifiées.
Pareillement, les initiatives qui visent à rendre accessible la programmation
cinématographique au plus grand nombre, notamment celles qui ont trait à la médiation
culturelle, doivent être encouragées. L’on ne dira jamais assez combien la sensibilisation du
jeune public, qui constitue le socle des spectateurs de demain, est importante.
De ce point de vue, l’accroissement du nombre de classes s’inscrivant dans le dispositif
‘’Collège au cinéma’’ est tout à fait encourageant, et l’implication des enseignants et des
éducateurs est un gage de la réussite de cette opération, comme de la plus récente ‘’brins
de couleur’’ destinée aux tous petits.
Par ailleurs, pour rester attractives, les salles doivent faire l’objet de modernisation et de
rénovation régulières. Là aussi se pose la question du soutien à l’investissement pour que la
diffusion des films se déroule dans des conditions techniques et de confort satisfaisantes
pour pouvoir concurrencer les complexes géants déjà évoqués.
L’aide à la création est, elle aussi, un élément important du succès d’une politique
cinématographique publique.
Ce n’est qu’à ce prix que peuvent exister des oeuvres intéressantes, novatrices, porteuses
de valeurs esthétiques qui n’auraient jamais pu voir le jour si l’on s’en tenait aux critères des
grandes ‘’majors’’, plus sensibles aux sirènes de la rentabilité immédiate et au produit de la
vente d’objets dérivés qu’à la qualité artistique d’une oeuvre.
En la matière, l’aide apportée dans le cadre du festival ‘’côté court’’ va dans le bon sens.
Nous espérons également que le fonds de soutien au court métrage créé récemment,
reposant sur un partenariat institutionnel solide, permettra la découverte ou la confirmation
de nouveaux talents.
Cela étant, pour conclure, permettez moi d’intégrer le présent débat sur la politique
cinématographique départementale dans le cadre plus large de la politique culturelle menée
par le Conseil général.
D’aucuns nous ont prêté de curieuses intentions en matière culturelle. Peut-être étaient-ils
mal informés, ou seulement partiellement. Je profite donc de la circonstance pour redire ce
que mes collègues ont déjà eu l’occasion de dire et de répéter en diverses autres
circonstances.
Vous le savez, nous nous battons pour que la culture puisse être au coeur d’un projet de
gauche dans notre département, vecteur de cohésion sociale et de lutte contre ce
déterminisme, qui enferme dans leurs difficultés les plus fragiles de nos concitoyens. Les
inégalités culturelles sont le témoin manifeste de l’inégalité sociale !
Contre tout jugement à l’emporte pièce, l’on voudra bien se souvenir de l’apport des
gouvernements socialiste en matière de culture. Plus près de nous, au niveau local, est-il
vraiment besoin de rappeler l’engagement des socialistes ou des verts en la matière. Pour
ceux qui auraient besoin de s’en convaincre, qu’ils aillent donc voir la qualité de la
programmation culturelle de Pantin ou de l’Ile Saint Denis.
A l’échelle de ce département, notre souci est le même que celui de nos collègues, à
d’autres échelons ou dans d’autres régions de France : il faut donner envie à la population
de fréquenter un équipement culturel, lui ôter cette terrible pensée selon laquelle telle ou
telle forme d’art ne serait pas pour elle.
Et cela nécessite aussi de repenser en permanence le soutien du département aux
manifestations culturelles, non pas pour amoindrir son action, mais pour la diversifier et la
renouveler.
De grandes choses se font en Seine Saint Denis en matière culturelle, elles sont connues –
à tel point que ces manifestations ont su conquérir un public fidèle et acquérir une notoriété
leur permettant de moins dépendre de subventions locales.
Il faut se réjouir de ces réussites, mais il faut également rester en capacité de soutenir les
nouveaux talents, de promouvoir ce qui peut-être deviendront les initiatives emblématiques
de demain. Pour cela, le département doit être en mesure de diversifier ses soutiens dans
tout le département, être en prise avec les nouveaux acteurs culturels et contribuer à
l’émergence de la nouvelle scène culturelle départementale.
Je vous remercie de votre attention."
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