rédacteur en chef
au Nouvel Observateur
et éditorialiste
à la République des Pyrénées,
pour laquelle a été
rédigé cet article
SEGOLENE ROYAL est-elle en train de faire subir au Parti socialiste une mutation du même ordre que celle du travaillisme anglais avec le "New Labour" voire du SPD allemand, lors de son congrès de Bad Godesberg où, en 1959, il a abandonné le marxisme et accepté le principe de l'économie de marché ? Sans doute pas, car ce genre d’évènement de reproduit jamais à l’identique. Mais plusieurs éléments laissent penser à une mutation de ce type. Cette prise du pouvoir - car, mine de rien, elle a pris le pouvoir à l’intérieur du PS - s’est faite en contournant les instances régulières du parti. Comme Mitterrand, Ségolène Royal a conquis la "vieille maison" socialiste en étant portée par un fort courant rénovateur, un courant d’opinion dont on pouvait penser qu’il ne se traduirait pas, au moins avec une telle ampleur, dans le vote des militants. L’adhésion massive de près de 90.000 nouveaux adhérents depuis ces six derniers mois, phénomène sans précédent, a permis de faire coïncider l’opinion et le parti. Dans certains endroits le parti socialiste a vu ses effectifs doubler.
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Et avec ces nouveaux adhérents, c’est un nouveau parti qui a fait surface, beaucoup moins idéologisé, plus pragmatique, plus en prise avec les problèmes quotidiens. Ce n’est pas un hasard si, comme Clinton, Ségolène Royal a fait de l’éducation son thème clé. Son syncrétisme, sa capacité à tirer des leçons des expériences étrangères les plus variées, ajoutés à sa disponibilité toute féminine à ne pas hésiter à se corriger, en un mot tout ce qui est critiqué par la société politique masculine comme son "flou", est perçu comme du pragmatisme par l’opinion. Elle lance un sujet dans la discussion, sans hésiter à se corriger ensuite. Imagine-t-on Fabius capable de se corriger ? Au-delà de son physique qui évidemment joué, sa considérable popularité tient au fait que ni dans ses mots, ni dans sa méthode, elle ne pouvait être identifiée à la langue de bois des socialistes, même s’il lui faut prendre garde à ne pas créer sa propre langue de bois, avec la répétition de certaines formules. A la place de Sarkozy, je me ferais du souci, car en même temps qu’elle ringardise les éléphants du PS, elle pourrait bien, avec sa force tranquille, démonétiser notre très agité ministre de l’intérieur.
J.-M. B.
Assez d'accord avec Marc. Ne pourrait-on pas au lieu des éditos du Nouvel Obs et de la République des Pyrénées proposer aux militants de la section (anciens et nouveaux) de s'exprimer sur le blog ?
Amitiés socialistes.
Ugo Lanternier
Rédigé par : Ugo | 28 novembre 2006 à 23:51
Cher(e)s camarades,
Mon avis sur cette question est que le risque est quand même que le nouveau parti moins "idéologisé" et plus "pragmatique" salué par JMB ne perde ses éléments politisés et se fasse doubler (ou au moins entraver) sur sa gauche, car nous ne sommes pas en France dans un système purement bi-partisan comme au Royaume-Uni ou en Allemagne (où la dérive centriste de la gauche social-démocrate n'a produit que de l'absentionnisme, et non du vote pour les extrêmes comme c'est le cas chez nous).
Donc bravo et bonne chance à Ségolène Royal qui vient d'être investi grâce à un vote massif des camarades qui ont manifestement estimé qu'elle était celle qui avait le plus de chance de gagner en 2007, mais attention à ce genre d'analyses et à ne pas mettre trop vite au placard les "machos" et autres "archaïques" qui sont peu convaincus par le marketing politique, mais sans qui aucune victoire à gauche ne sera possible dans les prochaines échéances.
Le Nouvel Obs et l'ensemble du microcosme parisien s'est déjà tellement planté dans ses diagnostics de la société française lors des précédents rendez-vous que l'on se doit de rester très prudent... Pour gagner dans la vraie campagne et reconquérir l'électorat populaire qui nous a fui en 2002 et 2005, les sourires et les sondages ne suffiront pas : il va falloir se retrousser les manches et convaincre... à l'ancienne!
Marc ; )
Rédigé par : Marc Guerrien | 27 novembre 2006 à 16:59