DAKAR : La dirigeante du Parti socialiste français a appelé jeudi les Européens, et particulièrement la France, à rompre avec leur "vision compassionnelle" de l'Afrique et à "regarder en face" leur passé de colonisateurs, dans un discours devant le Forum social mondial de Dakar.
"L'Homme est né en Afrique", "le temps de l'Afrique est venu": c'est à une véritable ode au continent noir que s'est livrée la chef du PS, trois ans et demi après le discours controversé du président Nicolas Sarkozy prononcé dans cette même ville.
Devant plusieurs centaines de personnes entassées dans une petite salle place du Souvenir, en bord de mer, Mme Aubry a rappelé "la communauté de destin" entre l'Europe et l'Afrique, et appelé à "une nouvelle alliance de civilisation et de coopération" entre les deux continents.
"Pour les Européens, cela suppose de regarder en face leur histoire, et d'abord de reconnaître les crimes de l'esclavage et les drames de la colonisation", a lancé Mme Aubry.
"Il faut condamner la colonisation sans réserve. La colonisation n'appelle pas, n'appelle jamais un bilan", a-t-elle estimé, alors qu'une loi française de 2005 lui reconnaissait un "apport positif".
"Nous devons tourner le dos aux pratiques post-coloniales, aux réseaux affairistes de la Françafrique, qui, parfois persistent encore", a également déclaré Mme Aubry, qui prononçait son discours sous une banderole affirmant: "un autre monde est possible".
Rendant hommage aux "combattants de l'indépendance" sur le continent et aux Africains qui ont défendu la France pendant les deux guerres mondiales, elle s'est exclamée: "ne sont-ils pas entrés dans l'histoire, par la porte immense de l'héroisme, ces tirailleurs que chantait (Léopold Sedar) Senghor ?", le premier président et poète sénégalais.
Une réponse directe au discours du président Sarkozy dans lequel il avait affirmé que "l'homme africain n'est pas suffisamment entré dans l'histoire".
"Nous devons aussi nous éloigner d'une vision compassionnelle qui marque encore trop souvent le regard européen sur l'Afrique", a-t-elle insisté, en énumérant les atouts du continent noir: croissance, démographie, matières premières, jeunesse, "alors que l'Europe et l'Amérique du Nord sont englués dans une crise structurelle".
Fustigeant "les ignorants" ou les "arrogants" qui pensent que "les peuples d'Afrique sont voués de manière irrémédiable au sous développement", ainsi que "ceux qui décrivent l'Afrique comme une menace", elle a rendu hommage aux peuples tunisien et égyptien, et exhorté l'Europe à "être résolument aux côtés de tous ceux qui se battent pour la démocratie".
Mme Aubry a réclamé une représentation africaine permanente au Conseil de sécurité de l'Onu, et dans les instances internationales comme le G20.
Elle a enfin plaidé pour un "partenariat moderne" entre les deux continents en matière de relations économiques et migratoires, et souhaité que l'Europe "cesse de se vivre comme une forteresse".
"Vive l'Afrique, vive le Sénégal, vive l'Europe, vive la France et en avant pour un nouveau monde", s'est exclamée en conclusion la responsable socialiste, qui avait auparavant pris un bain de foule, entourée de dizaines de militants sénégalais dont certains scandaient "Martine présidente" au rythme des tambours.
Mme Aubry, qui quitte le Sénégal jeudi, est restée cinq jours à Dakar, avec un double objectif: affirmer sa présence au Forum social mondial, et livrer sa "vision" de l'Afrique.
LES COCOS ONT DECIDEMENT RIEN à DIRE ,
Rédigé par : albert | 26 février 2011 à 16:24
Aujourd'hui les socialistes deviendraient-ils les principaux soutiens des dictatures dans le monde: Ben Ali, Moubarak... concurrençant très sérieusement les communistes en perte de vitesse mais encore à une bonne longueur de la droite. On paye cher notre retard à l'allumage sur la Tunisie, et on peut s'escrimer sur les attaques personnelles à l'encontre de Strauss-Kahn, les gens s'en foutent.
Rédigé par : Aubry reconduite par deux videurs? | 15 février 2011 à 10:12
Je trouve que Martine ne tient pas assez compte de la complexité de la situation africaine. La vidéo suivante http://www.youtube.com/watch?v=qYP3M5dJQ7M montre une réalité africaine plus complexe que décrit avec justesse Bartolone. Ben Ali avait su trouver un compromis entre une marche un peu plus lente vers la démocratie (peut-être qu'il confond lenteur et marche arrière, mais des fois c'est tellement lent qu'on recule sans s'en apercevoir) et le développement économique du pays, rejoignant en cela DSK un autre supporter de Ben Ali.
Rédigé par : Est ce qu'il faut vendre nos riads à Marrakech? | 12 février 2011 à 17:02