Retrouvez le communiqué de presse publié le 18 novembre par Aurélie Filippetti, responsable du pôle Culture, média et audiovisuel de la campagne de François Hollande.
Nicolas Sarkozy était aujourd'hui en campagne électorale en Avignon, où cette fois il aurait dû parler de culture. Mais de vision de la culture, de sa place dans la société, de l'émancipation intellectuelle qu'elle permet, de la démocratisation des pratiques, nous n'avons pas entendu parler.
L'insécurité étant son fonds de commerce électoral, concernant la culture comme pour les autres sujets, Nicolas Sarkozy veut agiter des peurs. Il a donc une fois encore présenté la culture comme une citadelle assiégée par des hordes de jeunes, de pirates, qu'il oppose aux artistes.
Il prétend avoir réglé les questions liées au droit d'auteur à l'ère numérique alors même qu'il annonce déjà une 3è version de la loi Hadopi, ce qui est la reconnaissance implicite de l'échec de la précédente. Il affirme que les États-Unis veulent s'inspirer de la loi française alors que le projet SOPA dont il parle est l'objet des plus vives polémiques là-bas.
Que de temps et d'argent perdu, qui n'ont en rien fait progresser les droits des auteurs, ni augmenter l'offre légale disponible, ni encourager la création. Tout le bilan de Nicolas Sarkozy en la matière aura été de vouloir creuser un fossé entre les artistes et la jeunesse de ce pays, entre les créateurs et leur public et de criminaliser la jeunesse quand elle a soif de culture, sans améliorer d'un iota la rémunération des créateurs ni l'éducation artistique.
Il est temps que cesse cette aberration. Quant au Conseil National de la Musique, les modalités de mise en place sont largement discutables et d'ailleurs très discutées dans la profession qui s'interroge sur l'opportunité du maintien du contrôle du marché par les majors et les distributeurs et les futurs équilibres permettant une réévaluation des royalties versées aux artistes sur les ventes de musique.
L'imagination doit reprendre le pouvoir à travers de nouveaux modèles de création de valeur sur les réseaux numériques et surtout en corrigeant le déséquilibre dans la répartition de cette valeur entre les différents acteurs. Une vraie réforme articulera les droits de propriété intellectuelle, de la concurrence, les droits sectoriels, les droits sociaux des professions artistiques et culturelles et les libertés individuelles.
Nicolas Sarkozy ose comparer la culture à un bien de première nécessité alors qu'il vient d'augmenter la TVA sur le livre et les autres produits culturels qui bénéficiaient de la TVA réduite, et que précisément les produits de première nécessité sont exclus, eux, de cette hausse.
Quant au Budget du Ministère de la Culture il stagne à 0,8% du budget de l'Etat : où est donc la priorité donnée à la culture ? Comment Nicolas Sarkozy peut- il prétendre parler de la culture comme un 'investissement avec un pareil budget? Les financements des grands chantiers parisiens et les grands établissements publics se font en rognant sur les lignes de subventions aux associations, au spectacle vivant. L'éducation artistique à l'école est totalement oubliée, alors que l'on nous parle de rétablir des cours de morale!
Le budget du CNC est la cible des attaques de la majorité de droite, comme celui de France Télévisions. Le fossé entre le discours et les résultats est la marque déposée de Nicolas Sarkozy. Inefficace, sans vision, sans ambition pour la culture, elle fut même pire : pour la première fois dans l'histoire, la politique d'un gouvernement a opposé le public et les créateurs.
En somme Nicolas Sarkozy récite les paroles mais ne réussit jamais à les mettre en musique.
Commentaires