"Croissance économique, débat autour de l'avenir de GDF et EDF, évacuation des squats de Cachan" sont les 3 thémes abordés par François Hollande lors d'un entretien avec Le Monde ce soir. Extraits.
La croissance repart à la hausse, ainsi que les indicateurs sur l'emploi, la consommation et le moral des ménages. Cela ne vous prive-t-il pas d'arguments pour la campagne ?
La croissance sera en 2006, dans le meilleur des cas, au rythme qui avait été annoncé dans la loi de finances (2,5 %). Nous disions déjà que c'était trop peu. Il y une reprise au deuxième semestre partout en Europe. Mais elle est fragile, comme en témoignent le déficit historique de notre commerce extérieur et l'endettement préoccupant des ménages.
La question majeure donc est de savoir comment pérenniser la croissance et redistribuer ses gains. Quant au chômage, il se situe aujourd'hui au niveau de 2002 ! Sa baisse récente s'explique essentiellement par les évolutions démographiques liées aux départs en retraite. Et les créations d'emploi sont essentiellement liées à l'intérim et aux contrats aidés. C'est-à-dire au développement de la précarité.
Enfin, le pouvoir d'achat des Français est largement amputé par la hausse des prix de l'énergie, alors que nous demandons depuis un an la réintroduction de la TIPP [taxe intérieure sur les produits pétroliers] flottante. Sa faible progression cette année cache un creusement des inégalités en faveur des revenus patrimoniaux et des hautes rémunérations. Les classes moyennes et modestes n'ont pas le juste retour de leurs efforts.
Je demande donc une conférence sur le pouvoir d'achat qui permettrait de relancer les négociations salariales sur les minima de branche, notamment ceux inférieurs au smic, et d'introduire les mécanismes fiscaux et sociaux permettant d'amortir le choc énergétique qui pèse sur le budget des Français.
Est-il constructif d'avoir déposé des milliers d'amendements sur le rapprochement de Gaz de France et de Suez au Parlement ?
Nous ferons du débat sur Gaz de France non pas une bataille procédurale, mais une discussion stratégique sur l'avenir énergétique de la France. Elle permettra de confronter deux politiques : l'une, celle de la droite, qui lève un à un les instruments de contrôle de la puissance publique sur les entreprises du secteur et abandonne toute maîtrise de la politique tarifaire; l'autre, la nôtre, qui part du constat que la politique énergétique est centrale pour l'environnement, la croissance économique et l'indépendance nationale, et appelle à la constitution d'un pôle public dans le respect des règles européennes pour préparer l'après-pétrole.
Nous sommes favorables à un rapprochement d'EDF et de GDF.
Je mènerai moi-même, avec les présidents de groupes, le combat parlementaire sur ce sujet. Le nombre d'amendements est destiné à imposer un débat dans le pays qui doit être aussi long que possible. Il ne s'agit pas d'une question banale, mais d'un choix irréversible. En cas de fusion GDF-Suez, il n'y aura pas de retour.
Je ne désespère pas d'ailleurs que le gouvernement soit obligé de retirer son texte comme il l'a fait pour le contrat première embauche. Car, au-delà du ralliement de Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin et du reniement de sa parole d'ancien ministre de l'économie et des finances, les réticences dans la majorité demeurent fortes.
Au-delà de la dénonciation sur l'expulsion du squat de Cachan, qu'auraient fait les socialistes ?
Pour beaucoup, il s'agit d'immigrés arrivés depuis 2002. C'est la politique de Nicolas Sarkozy qui a créé cette situation où de nombreux étrangers ne sont ni régularisables ni expulsables et, en plus, logés dans des conditions indignes. Nous proposons une autre démarche : celle d'une immigration partagée, en accord avec les pays d'origine et de transit, et une régularisation continue fondée sur des critères précis et incontestables. Et c'est Nicolas Sarkozy qui est, aujourd'hui, confronté à une opération massive de régularisation. Il la mène dans l'arbitraire.
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