On parle beaucoup des R.A.S.E.D en ce moment. Pour ceux qui auraient du mal à déchiffrer les sigles de l’éducation Nationale, il s’agit des Réseaux d’Aide Spécialisée des Elèves en Difficulté. Pour les plus anciens, cela s’appelait auparavant les G.A.P.P ( Groupe d’aide psycho-pédagogique).
De quoi est constitué un RASED ?
Quand il est complet, d’un(e) psychologue scolaire, souvent sur plusieurs réseaux, et de trois enseignants spécialisés : un maître G (rééducateur) et deux maîtres E ( traitement de la difficulté scolaire).
Pour notre ville et dans ce département de nombreux postes ne sont pas occupés par des maîtres formés et diplômés mais par des enseignants souvent fraîchement sortis de formation. Première anomalie.
Que font les RASED dans les écoles ?
Le travail se fait en concertation avec l’équipe pédagogique. Des synthèses ont lieu avec chaque classe de l’école. Ce sont des rencontres RASED- enseignant au cours desquelles chaque élève est passé en revue. Les élèves qui posent problème sont repérés et orientés si nécessaire soit vers une prise en charge par un des membres du réseau soit vers une structure extérieure : orthophoniste, CMPP, etc. Auparavant les membres du réseau ont pu observé le comportement de ces enfants dans leur classe.
La durée et la fréquence des prises en charge dépendra de la difficulté traitée. En général, il s’agit de deux fois 45 à 60 mn par semaine pendant une durée minimum d’un trimestre. Ces prises en charge peuvent se poursuivre sur plusieurs années si nécessaire. Elles se font généralement en petits groupes de 4 à 6 enfants mais peuvent être individuelles si cela est nécessaire. Quand cela se révèle profitable, les enseignants du RASED peuvent agir en co-intervention dans les classes.
Les besoins sont importants sur notre ville, les RASED ne peuvent répondre à toutes les demandes et leurs efforts sont souvent concentrés sur les maternelles et le premier cycle des l’élémentaire.
Le travail des RASED est d’une importance capitale pour le traitement de la grande difficulté scolaire. Ce sont des personnes spécialement formées pour le faire et il est faux de prétendre que les enseignants des classes banales sont suffisamment armés pour ce travail.
Ils participent à toutes les réunions d’équipe éducative et réalisent un gros travail avec les parents les parents des élèves qu’ils suivent en les rencontrant régulièrement.
Le gouvernement a prévu de supprimer 13600 postes d’enseignants à la rentrée prochaine. Parmi ceux-ci, 3 000 concernent les RASED.
L’annonce officielle du ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos est qu’il n’y a pas de suppression de postes parmi les RASED, la meilleure preuve étant que les formations sont toujours proposées pour la prochaine rentrée.
Cette formation consistait auparavant à une année de stage à la fin de laquelle venait la validation théorique. Elle se réalise maintenant en alternance : moitié sur poste, moitié en formation ce qui entraîne bien évidemment une prise en charge des enfants en difficultés amputée mais permet des économies de postes.
Donc pas de suppression de postes et la formation maintenue. Dont acte. Mais alors ?
Il est prévu de « sédentariser » 30% des postes spécialisés.
Que se cache-t-il derrière cette nouvelle appellation ?
Regardons cela d’un peu plus près. En fait, 30% des enseignants travaillant aujourd’hui dans les RASED se verront nommer sur des postes d’enseignants de classes banales mais dans des écoles dans lesquelles il y a plus d’élèves en difficultés qu’ailleurs. La consigne étant de ne pas mettre tous ces enfants dans cette classe pour ne pas recréer les anciennes classes de perfectionnement.
Ces enseignants maintenant chargés de classes se verraient aussi chargés d’aider leurs collègues de l’école en charge eux aussi d’élèves en difficultés. :
Quels problèmes cela pose-t-il ?
Dans la réalité, il y aura bien en enseignant de moins par RASED donc un déficit de 30% d’interventions en moins auprès des élèves.
Le maître E ou G occupant un poste banal, tout en gardant ses indemnités nous dit-on, supprime de ce fait un poste d’enseignant. Il y a bien suppression de 3000 postes d’enseignants en dehors de toute variation du nombre d’élèves accueillis.
Cela créera de fait deux catégories d’enseignants : ceux qui ont une classe et touchent une indemnité et ceux qui ont une classe et n’en touchent pas. Regrettable quand la distinction qui existait entre instituteur et professeur des écoles s’estompait de plus en plus par l’intégration de presque tous les enseignants du premier degré dans le corps de professeur des écoles
Ce maître chargé de classe, ayant plus d’élèves en difficultés pourra difficilement dégager du temps pour aider ses collègues.
Les postes qui seront « sédentarisés » seront certainement attribués aux personnes actuellment en poste mais non spécialisées. Retour à la case départ.
Alors sauvons, quand il est encore temps, les RASED.
Et pour mieux traiter la grande difficulté scolaire donnons-leurs les moyens de vraiment fonctionner :
• Des réseaux complets avec des psychologues, qui pour réaliser un réel travail auprès des enfants et des familles, se doivent de ne pas être nomades, c’est à dire en charge de plusieurs groupes scolaires. Etant en nombre insuffisant actuellement, ils passent la plus grande partie de leur temps à tester des élèves pour remplir des dossiers.
• Des personnels formés en quantité suffisante pour éviter de retrouver des débutants « boucheurs de trous » sur ces postes qui nécessitent une vraie spécialisation.
• Une formation qui tout en étant liée au terrain ne remet pas en cause la continuité du fonctionnement.
• Une vraie évaluation du travail des RASED pour éviter de s’entendre dire que ceux-ci ne servent pas à grand chose.
Daniel Garnier
Maire-Adjoint à l’enseignement
Vous trouverez la pétition sur le site : www.sauvonslesrased.org
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